Google XXL: La réponse du berger à la bergère
Google XXL

La réponse du berger à la bergère


David Drummond, Vice-président senior de Google, a annoncé la position officielle de Google sur l'OPA lancée par Microsoft sur Yahoo! En voici un résumé :

L'offre hostile de Microsoft sur Yahoo! pose quelques questions de fond. On parle de quelque chose d'autre que d'une simple opération financière, une société en rachète une autre. Le cœur du sujet est de préserver les principes fondamentaux d'Internet : ouverture et innovation.
Microsoft pourrait maintenant être tenté d'exercer les mêmes pressions sur Internet que celles qu'il a déjà exercé sur le monde des ordinateurs. Alors qu'Internet favorise l'innovation et la concurrence, Microsoft a souvent cherché à créer des situations de monopole pour ensuite tirer partie de sa position dominante et accaparer d'autres marchés.
Est-ce que l'acquisition de Yahoo! permettrai - et ce en dépit de sa longue histoire d'infractions aux règles juridiques - d'appliquer les pratiques déloyales utilisées pour son navigateur et ses systèmes d'exploitation à Internet ? De plus, une alliance entre Microsoft et Yahoo! conduirait à une domination très nette dans les secteurs de la messagerie instantanée et des comptes de messagerie. Enfin, les deux sociétés possèdent les deux portails web les plus importants en termes de trafic. Est-il possible qu'une fusion de ces deux entités profite de la situation de monopole qu'exerce l'un des acteurs pour limiter le choix des utilisateurs concernant les services de courriel, de messagerie instantanée et des services sur Internet ?
Les décideurs politiques doivent se poser ce type de questions et les consommateurs méritent, quant à eux, des réponses.
Cette offre hostile a été annoncée vendredi. Il reste encore du temps afin que ces questions soient examinées de manière approfondie. Pour notre part, nous prenons très au sérieux les principes d'ouverture, de choix et d'innovation. C'est au cœur de notre culture. Nous pensons vraiment que les intérêts des utilisateurs passent en premier et doivent garder cette primauté. De la même manière, le bien-fondé de ce projet d'acquisition doit être soigneusement examiné et des alternatives possibles étudiées.

Dans un communiqué, le directeur juridique de Microsoft, Brad Smith, a répondu que c'était justement Google qui détenait près de 75% des recettes mondiales sur les liens sponsorisés et que cette part continuait d'augmenter. Il insiste aussi sur le fait que la société de Mountain View accapare plus de 65% des recherches sur le Web et que ce pourcentage dépasse les 85% en Europe. Comparativement, Microsoft et Yahoo! atteindraient, à eux deux, 30% de parts aux États-Unis et environ 10% en Europe.
Il précise enfin que Microsoft est, lui aussi, déterminé à l'ouverture, l'innovation et la protection de la vie privée sur Internet : "Nous pensons que la fusion de Microsoft et de Yahoo! fera progresser ces objectifs".
En d'autres termes, le grand méchant loup, ce n'est pas nous mais bien Google !

Quand on sait de quelle façon Google domine outrageusement les recherches sur Internet, on peut dire que c'est l'hôpital qui se moque de la charité. En conclusion, aucun des arguments avancées par les deux parties ne tiennent vraiment debout car les deux protagonistes trainent chacun une multitude de casseroles. D'un côté, des procès à répétition concernant les abus de position dominante, de l'autre le rachat de DoubleClick par Google et la question délicate du statut juridique de l'adresse IP. Et on pourrait multiplier les exemples où les deux sociétés ont eu maille à partir avec les autorités sur des questions aussi importantes que la protection des données, la vie privée des citoyens et les règles de la concurrence. Dernier point : quand on voit le palmarès impressionnant de Google en ce qui concerne les acquisitions de sociétés, on peut s'étonner qu'il ne soit pas comme gêné aux entournures de faire la leçon à Microsoft sur ce "type de rachat qui ne favorise pas l'innovation et la diversité".

C'est intéressant de voir que la réaction de Google semble être empreinte de nervosité comme si la possibilité d'une véritable concurrence lui faisait peur. Du coup, le Wall Street Journal signale qu'un des directeurs de Google, Eric Schmidt, a offert son aide à son homologue chez Yahoo, Jerry Yang. Le point de vue officiel de Yahoo! vient d'être publié sous la forme d'une FAQ. C'est assez court (4 questions-réponses) mais il est clairement précisé que Yahoo! se donne le temps de réfléchir afin d'étudier toutes les solutions alternatives possibles y compris le maintient de la société en tant qu'entité indépendante…

On peut résumer cette nouvelle bataille entre les deux principaux monopoles du monde de l'informatique et de l'Internet (Microsoft et Google) à une lutte de pouvoir. Reste à savoir si toutes ces touchantes déclarations d'intention seront suivies d'effet. En termes clairs : que vont gagner les utilisateurs en termes de diversité de l'offre, de qualité des services et de transparence des produits ?

(L'illustration est empruntée à Business Week)

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