Google n'a pas de chance !

Depuis que le célèbre moteur de recherche Google a été créé il y a plus de 8 ans, il y a toujours eu, en bonne place, un bouton nommé J'ai de la chance ou, pour la version anglaise de Google, I'm Feeling Lucky. Vous pourrez trouver sur ce Blog des exemples d'utilisations ludiques de cette fonctionnalité. Le seul nuage qui semble menacer le ciel radieux promis à ce gadget est que quasiment personne ne l'utilise. Tout le monde le sait chez Google y compris les hautes instances dirigeantes. Marissa Mayer qui est la vice-présidente des produits "Recherche et Expérience utilisateur" s'en expliquait de cette façon : "C'est une partie de notre héritage culturel. C'est aussi quelque chose que les utilisateurs apprécient particulièrement chez nous". Le bouton J'ai de la chance devient alors une part essentielle d'une sorte de relation privilégié entre les "Googlers" et la société de Mountain View. Un peu à la manière d'une vieille porterie que l'on conserve au fin fond d'une salle de musée afin de ne pas décevoir les quelques amateurs de ce genre d'horreur. C'est d'autant plus curieux quand on sait que, la pression des actionnaires aidant, le moindre pixel occupé sur une page d'accueil équivaut à une véritable fortune chiffrée en milliards de dollars. Alors, pourquoi ne pas jeter aux oubliettes l'encombrant bouton et le remplacer par un de ces nombreux services flambants neuf qui sont disponibles dans la galaxie Google ? Las, certaines études montrent qu'une infime partie des utilisateurs de Google (moins de 1%) y sont viscéralement attachés. De plus, le bouton est devenu comme un symbole de la part d'humanité qui doit être encore présente dans ce sorte de monstre tentaculaire qu'est devenu la société. En bref, c'est le dernier pré-carré résistant à la froideur des analyses financières et la logique impitoyable des algorithmes. En 2001, il y a eu un autre coup de théâtre : Marissa reçoit un e-mail contenant simplement le nombre 37. Pour les non initiés, c'est très exactement le nombre de mots qui étaient présentes dans la page d'accueil de Google. Ce message sibyllin sera suivi par un autre avec cette seule sentence : "Un peu beaucoup, vous ne trouvez-pas ?". Une manière de dire pour elle que la marge de manœuvre est étroite et, qu'entre volonté d'éducation des internautes et désir d'une mise en page épurée et sobre, l'équilibre parfait est difficile à trouver. Quoi qu'il en soit, le fameux bouton J'ai de la chance n'est pas prêt de disparaître et ses encombrants voisins devront continuer à se serrer comme des sardines pour lui laisser le premier rang…

(Via le Washington Post)