Google censure les informations sur le Tibet
Si vous faites une recherche sur ce mot-clé dans Google Actualités, vous allez voir ce genre de titres pas très réjouissants : "Tibet : environ 140 morts selon le gouvernement en exil...", "Le Tibet fait vaciller la flamme", "Tibet : la répression "n'est pas supportable", selon M. Kouchner", etc.
Accédez maintenant à Google China et saisissez la même requête (tibet ou 西藏). Vous pouvez ensuite vous servir de Google Translate pour afficher cette page en anglais. La masse d'articles qui ne faisaient pas plaisir sont bien entendu plus là. Pour être exact, le portail d'informations ne parle du Tibet que d'une seule manière : "De dangereux terroristes s'en sont pris à d'honnêtes commerçants de Lhassa, etc." Après tout, quoi de plus normal puisque toutes les sources d'informations qui sont listées sont chinoises. Je reprends là une démonstration qu'a faite TomHTML…
Il reste maintenant à comprendre la place d'une des entreprises phare du "monde libre" dans ce salmigondis de propagande, d'informations biaisées ou délibérément passées à la trappe.
C'est assez simple… Google aurait passé un accord avec les autorités chinoises : les informations "sensibles" ne sont plus publiées sur "Google Actualités Chine" en échange de quoi, le portail d'informations pourra continuer d'être vu dans ce pays. On en sait pas plus sur l'exacte teneur de cet arrangement.
En termes clairs, Google collabore avec un régime que l'on pourrait qualifié de dictatorial.
La compagnie s'est déjà expliquée sur ce dilemme : "le fait que les informations que nous publions soient filtrées est extrêmement dommageable mais ne pas pouvoir offrir notre moteur de recherche à plus d'un cinquième de la population mondiale est encore plus grave".
Ajoutons pour parfaire le constat que c'est une infime partie d'un système de censure qui touche plus d'un milliard de personnes et qui s'exerce à tous les niveaux de la vie des chinois.
C'est aussi à mettre en rapport avec la mésaventure arrivée à Yahoo! qui "refuse d'être associé à la répression chinoise" mais qui dont le portail Yahoo! Chine a publié, via la société Alibaba, des photos de dissidents recherchés par les autorités chinoises.
Il n'est pas rare de voir que, pour des raisons bassement financières, tel ou tel organe de presse décide de censurer un article qui gène un annonceur ou qui ne fait pas la part belle à une société dont le propriétaire est aussi celui du journal.
Là, c'est un peu l'inverse ! Une société dont la principale activité est la publicité en ligne, lance un portail d'actualités et en vient à s'autocensurer sous peine de perdre le marché du siècle. Moralité (s'il y en a encore une) : il n'est décidément pas possible d'avoir un pied dans l'information et un autre dans le monde de l'entreprise et du business. Du moins si on veut faire de la "vraie" presse qui ne soit pas entachée de soupçon de partialité ou de connivence.
Et on en vient à se demander : "Mais que vient faire Google dans cette triste pantalonnade ?"
Voici en bref, les autres actualités concernant les moteurs de recherche et les outils de visualisation…
Google détourne le trafic de certains sites
Nous avons déjà évoqué dans un article précédent cette nouvelle fonction visible dans le moteur de recherche anglophone. Quand vous saisissez une requête portant sur certains noms de domaines très importants, une seconde zone de recherche apparaît sous les liens de site. À titre d'exemple, accédez au moteur de recherche en version USA puis saisissez cette requête : washington post. Cette nouveauté commence à créer une polémique Outre-Atlantique et nous allons voir pourquoi… En vous servant de cette zone de recherche, tapez maintenant cette requête : job oportunities. Dans la page de résultats qui apparaît des liens sponsorisés sont aussi visibles et ils renvoient directement vers des sites concurrents. En bref, les internautes peuvent être tentés de visiter ces sites plutôt que celui auquel ils pensaient d'abord. Bien entendu, Google est le grand gagnant puisqu'il encaisse des revenus publicitaires conséquents pour chaque internaute détourné. Enfin, les internautes sont plutôt tenter de chercher au travers de l'interface du moteur de recherche et non plus en utilisant le moteur interne au site. On peut dire alors qu'un système de siphon efficace permet à Google de capter un pourcentage important de visites. C'est évidemment tout bénéfice pour l'internaute puisqu'il peut, pour ainsi dire, visiter un site donné sans y mettre un pied. Très logiquement, de grosses pointures du e-commerce ont tellement rouspété que Google a retiré cette fonctionnalité pour certains d'entre eux. À titre de test, lancez une recherche sur ce terme : "amazon". D'après un porte-parole de Google, la société a donné satisfaction à quelques une de ces demandes mais sans nommer les sites concernés.
(Via Page Traffic Blog)
Un logo Google pour l'anniversaire de Béla Bartók
Béla Bartók est un compositeur hongrois né le 25 mars 1881. Il est aussi connu pour avoir été un grand collectionneur de musiques folkloriques et un des précurseurs de l'ethnomusicologie. Ce logo est visible sur les versions hongroises, roumaines et russes du moteur de recherche.
Les spammeurs envahissent Google Agenda
Mashable! montre dans un article sur le Spam dans Google Agenda un exemple de ce qu'il est possible de recevoir. Il y a un moyen simple de s'en prémunir : cliquez sur le lien Paramètres puis, dans la rubrique Ajouter automatiquement les invitations à mon agenda, cliquez sur le bouton radio Non, n'afficher que les invitations auxquelles j'ai répondu.
Une zone de recherche extensible
Quand vous interrogez Google, la zone de recherche de la page des résultats s'ajustera automatiquement à la longueur de votre requête. La limite est, approximativement, de 67 caractères (espaces compris). Notez bien que cet ajustement n'est pas visible dans la page de départ et que vous devez avoir saisi une requête longue au préalable. Par la suite et si vous ne revenez pas sur la page d'accueil, la zone de recherche restera sur sa longueur jusqu'à ce que vous saisissiez une requête plus courte. La longueur de la zone suffit alors pour voir dans sa totalité une expression longue de 37 caractères (cela dépend des caractères employés). Il faut aussi signaler que vos recherches seront toujours limitées à 32 mots.
(Via Google Blogoscoped)
Le réchauffement climatique dans Google Earth
Ken Mankoff de la NASA et Mark Chandler de l'Université de Columbia ont développés pour Google Earth en outil de visualisation montrant l'évolution des températures partout dans le monde. Ouvrez simplement ce fichier KML dans Google Earth.
Chaque marqueur possède une couleur correspondant à l'évolution des températures durant les dernières années par rapport à la moyenne constatée depuis presque un siècle. Les repères de couleur blanche indiquent que les données collectées ne sont pas suffisantes. Les marqueurs de couleur bleue indiquent les lieux où les températures ont globalement baissées. Ceux de teinte rouge, les endroits où le réchauffement climatique a été le plus marquant. Plus de 2000 stations sont répertoriées dans cette base de données. Cliquez sur les repères afin d'afficher les statistiques détaillées du lieu concerné.
Par exemple, à Toulouse, la température a augmenté de 1 degré en l'espace de 10 ans. Si on se réfère à Egedesminde au Groenland, on constate que depuis 1980, les températures moyennes ont enregistré une hausse de près de 5 degrés…
Une page de présentation de ce calque est visible à partir du site EdGCM qui est une source très importante sur l'ensemble des questions et des enjeux liés à la survie de notre planète.
(Via Google Earth Blog)
Exalead teste de nouveaux filtres de recherche
Le blog Abondance remarque qu'Exalead propose un outil vous permettant de filtrer les sites commerciaux, non commerciaux, les forums et les blogs. Je trouve l'idée excellente mais, dans la pratique, il semble que de nombreux ajustements soient encore nécessaires : il est, par exemple, plus facile de n'afficher que des sites commerciaux que de supprimer des résultats toutes les pages "marchandes".
Un outil de visualisation Facebook
Nexus Frien Grapher est un outil de visualisation permettant d'afficher votre graphe relationnel sur Facebook. Vous pouvez aussi ajouter ce graphe à votre profil Facebook.
4 commentaires:
25 mars 2008 à 20:57
Bonsoir,
je doute que Google censure des informations sur Google News Chine, je ne l'ai d'ailleurs jamais indiqué dans mon article.
Google News affiche sur sa page d'accueil les news dont ses sources locales parlent le plus. Si aucune (ou presque) des sources ne parle du Tibet, alors l'algo n'a aucun moyen de remonter ça en page d'accueil. C'est aussi simple que ça à mon avis ;)
PS : quand je lis les articles chinois, j'ai l'impression de lire les mêmes articles de certains journaux français quand la crise des banlieues a éclaté en novembre dernier :-S
26 mars 2008 à 00:08
Je suis d'accord avec toi et sans doute qu'on s'est mal exprimé dans cet article. D'accord mais jusqu'à un certain point : quand tu saisis une recherche dans Google actualités France, tu as :
1) des sources à vocation "internationale" comme Reuter ou l'AFP
2) des sources de pays limitrophes (la Belgique ou la Suisse, par exemple)
3) des sources qui ne sont pas forcément de type institutionnel (n'importe quel blog ou site associatif)
4) des sources s'exprimant dans la même langue (même si elles sont situées dans un pays différent)
Il n'y a rien de tout cela dans Google News made in China.
Et le problème se poserait de la même manière si tu voulais faire un Google News Birmanie, Libye, etc.
En bref, Google n'a rien a censuré puisque le filtre est déjà en place depuis fort longtemps.
Mais, au final, d'un portail d'information on arrive à un outil de propagande. Personnellement, cela me dérange.
Quand à l'algorithme, il ne faudrait pas que cela devienne l'excuse à tout et n'importe quoi... "Comprenez-moi, ce n'est pas de ma faute mais c'est à cause du DataCenter XXX". Une politique éditoriale, c'est le minimum syndical !
26 mars 2008 à 14:17
C'est justement le fait que les sources soient toutes en langue chinoise le problème. AFP, Reuters, RFI et d'autres multinationales parlent français. Des médias chinois hors de Chine... j'en connais pas beaucoup.
Quant à l'algo, ce n'est qu'un moyen de mettre en avant ce dont on parle le plus. Alors après Google peut l'améliorer pour faire ressortir ce dont on parle le moins. Mais ils vont avoir du mal à afficher en page d'accueil quelque-chose dont *personne* ne parle :-/. C'est la même chose partout ailleurs, d'ailleurs.
27 mars 2008 à 01:40
Je comprend bien ce que tu veux dire, Tom !
Mais en résumé, la diversité de l'information c'est quelque chose qui s'organise. Quand les conditions ne sont pas réunies, il vaut mieux de pas insister.
Que dirais-tu d'un Google News qui ne publierait que des communiqués en provenance de l'armée de terre française et des comités locaux de l'UMP ? Et qui passerait sous silence l'occupation depuis des années de (j'extrapole toujours) la Suisse ? Et enfin, qui présenterait une poignée de citoyens en train de manifester comme de dangereux terroristes ?
Tu t'exclamerais (comme tout le monde) : "Mais, c'est quoi cette sinistre plaisanterie ?"
Enregistrer un commentaire